
Quand j'étais petite, on me disait: "l'argent est sale"... Je ne comprenais pas ... Freud ne nous a pas aidé.e.s à y comprendre grand chose entre ce caca dans le pot et la négo d'un salaire... Bref. Notre argent n'est pas sale, il est juste CARBONé.
« La finance sera verte ou ne sera pas. Parce que nos compatriotes n’accepteront pas d’aller placer leurs économies dans des banques […] qui ne leur garantissent pas que leur argent va à la lutte contre le réchauffement climatique. Et je ne connais pas un jeune de 20 ans qui va aller déposer son argent dans une banque qui continuerait à financer des mines de charbon, pas un. Ils refuseront tous et ils auront raison. » Ce n'est pas un militant écolo qui a déclaré cela mais le Ministre des finances en personne, Bruno Le Maire, le 25 octobre 2019. Le croyait-il vraiment ? Si c'est le cas, c'est donc qu'il a bien compris le lien entre les banques et les changements climatiques.
Peut-être même que le patron de Bercy a lu le rapport d'Oxfam et des Amis de la Terre intitulé « La colossale empreinte carbone des banques » pointant le rôle des quatre plus grandes banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE) dans le réchauffement climatique. Via leurs investissements et leurs financements, ces établissements émettent indirectement 4,5 fois plus de CO2 que notre pays chaque année (Le rapport traine par ici).
Alors que l'écologie s'infiltre toujours toujours plus dans les préoccupations des Français, aménageant les modes de vie pour moins de gâchis, de déchets, de consommation, de pollution et d'impact, votre compte en banque, lui, émet du CO2. Et pas qu'un peu. Gaz, charbon, pétrole, ..., les banques sont accros aux investissements fossiles. Plus de 70% des investissements des six plus grandes françaises dans l’énergie étaient consacrés aux énergies fossiles en 2017 (Les Amis de la Terre & Oxfam, 2019). Les financements par prêts, ou détention d’actions, sous toutes leurs formes, accordés par les 4 plus grands groupes bancaires français aux acteurs des énergies fossiles ont été à l’origine de plus de 2 milliards de tonnes de CO2 en 2018, soit 4,5 fois plus que l’ensemble des émissions de CO2 territoriales françaises (hors importations donc). Des vraies junkies.
Prenons l’exemple du charbon. L’arrêt total des centrales nucléaires allemandes peu de temps après la catastrophe de Fukushima a accentué la part de cette énergie dans le mix énergétique allemand dont le conglomérat énergétique RWE est un des principaux acteurs. RWE, connu comme le “premier pollueur d’Europe”, est soutenu par plusieurs banques françaises qui en détiennent des actifs, dits “carbonés”. En 2014 et 2016, la Société Générale et la BNP Paribas ont apporté à RWE des financements à hauteur de 350 millions d’euros. Et si, en 2019, certaines banques comme le Crédit Agricole ou la BPCE ont finalement cesser leurs financements au secteur du charbon, excluant ainsi RWE, la Société Générale et la BNP Paribas ont renouvelé leur participation en 2019 auprès de l’entreprise participant à un prêt d’un montant total de 5 milliards d’euros.
Et ce n'est pas comme si les banques avaient de réelles intentions de changement. Entre 2018 et 2019, les quatre plus grands établissements français ont augmenté leurs financements fossiles de plus de 20 % atteignant 51 milliards d'euros selon le réseau Rainforest Action. Se dépatouiller des actifs carbonés, voilà bien le Graal qu'aucune banque ne parvient à trouver. Elles sont prisonnières d'une toile par elles-mêmes tissée. Si elles se débarrassaient de leurs actifs carbonés, elles s’exposeraient à de grandes crises systémiques : une instabilité comme celle de 2008 due à une bulle carbone d'envergure, un effondrement des marchés entrainant des faillites en cascade. Et puis, ce foutu réchauffement qui avance inexorablement.
L.N. avec Oxfam.
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